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Comment faire face à la pénurie de main d’oeuvre manufacturière ?

Alors que l’on parle de plus en plus d’industrie 4.0 et de transformation numérique, on pourrait penser que les plus gros défis de cette quatrième révolution industrielle seront technologiques… Or, dans cette nouvelle ère où les usines deviennent intelligentes et automatisées, le plus gros défi reste lié au travail Humain et à la main d’oeuvre qualifiée.

Un frein à la croissance du secteur manufacturier (industriel)

De nombreux articles de presse nous signalent les dangers de la robotisation, laissant l’humain sans emploi et incapable de rivaliser avec ses homologues robots (lire notre article dédié). Pourtant, dès nos premiers échanges avec des recruteurs ou des responsables d’usines, on s’aperçoit que le vrai problème à court terme n’est pas le futur du travail des Hommes mais la pénurie de main d’œuvre qui touche déjà le secteur.

Les problèmes de recrutement et de rétention du personnel n’ont jamais été aussi aigus. […] La situation est critique au point qu’elle compromet la croissance même de plusieurs entreprises.”
– Baromètre Industriel Québécois (mai 2018)

D’après le Baromètre Industriel Québécois publié en mai 2018, « les problèmes de recrutement et de rétention du personnel n’ont jamais été aussi aigus. […] La situation est critique au point qu’elle compromet la croissance même de plusieurs entreprises. »

En février 2016, l’Information sur le Marché du Travail (IMT) recensait les 93 catégories les plus demandées au Québec. Parmi celles-ci, 15 sont liées à la production manufacturière.

Les apports de la transformation numérique pour les entreprises et les individus n’est plus à prouver (augmentation de la productivité et de la rentabilité, flexibilité, mobilité…) néanmoins, cette transformation ne pourra pas se faire sans l’implication des individus. Pour être compétitif sur le marché mondial, il faut automatiser, mais pour que l’automatisation commence, il faut trouver la main-d’œuvre capable de la mettre en place et la maintenir.

Le spécialiste du secteur industriel et conseiller stratégique chez Deloitte, Louis J. Duhamel, nous met en garde « L’industrie québécoise reprend du poil de la bête, le secteur affiche une croissance de 2% par année, mais il y a des freins à la croissance de ce secteur au Québec, à commencer par la pénurie de main d’œuvre ».

La tournée d’Investissement Québec 2017 fait le même constat, l’industrie manufacturière québécoise, malgré de beaux succès, accuse d’importants retards, retards notamment liés à la pénurie de main d’œuvre. A titre d’exemple, la firme Merkur qui recherche 50 emplois spécialisés pour une usine de Drummonville, estime que seulement 40% devraient trouver preneur. D’après Martin Dufour, PDG de Merkur, « la main d’œuvre nécessaire n’est tout simplement pas disponible à l’heure actuelle ». Les entreprises, n’arrivent pas à combler leurs besoins de main d’œuvre, et c’est un problème de plus en plus commun dans ce secteur.

Les raisons de cette pénurie

Certes, le vieillissement de la population est en cause, les baby-boomers quittent le marché du travail et d’après Emploi Québec, entre 2012 et 2030, il y aura 2,4 millions de départ à la retraite. Mais le Québec n’est pas la seule région touchée par ce phénomène qui ne saurait à lui seul expliquer cette pénurie. Le deuxième problème est que, malgré les belles opportunités de carrière offertes; le monde industriel souffre d’un véritable problème d’image qui nuit à son pouvoir d’attraction auprès des jeunes mais aussi de leurs parents.

Julie Carignan, CRHA, associée principale chez SPB Psychologie organisationnelle nous donne une raison de ce désintéressement. D’après elle, « On entend dans les médias que des usines ferment, que la production est transférée à l’étranger. Les gens gardent en tête l’image d’un secteur en décroissance. Ils se demandent si se diriger vers l’industrie manufacturière vaut encore la peine… ».

Le travail en usine souffre de sa mauvaise réputation, il est toujours considéré comme pénible et peu intéressant alors qu’il a beaucoup changé. L’environnement de travail n’est plus ce qu’il était il y a 30 ans, les emplois y sont de plus en plus qualifiés et les tâches sont devenues de moins en moins pénibles et largement moins répétitives. Le travail s’est numérisé et le personnel est amené à travailler en équipe, et surtout à faire face et à résoudre des problématiques nouvelles.

Ce manque d’attrait est particulièrement vrai pour les femmes. Le monde des usines a conservé son image masculine et seulement 30% des employés sont aujourd’hui des employées.

Pour résoudre ces problèmes de recrutement,  le secteur manufacturier doit changer son image d’industrie masculine, pénible et vieillissante.

Comment peut-on faire face ? Quelles sont les solutions ?

Face à la pénurie de main-d’œuvre, le gouvernement Québécois vient de mettre en place une stratégie nationale sur la main-d’œuvre 2018-2023.  Cette stratégie prévoit une enveloppe budgétaire de 810 millions de dollars pour accélérer l’attrait pour ce secteur.

De son côté, le ministère de l’Économie, de la Science et de l’Innovation du Québec, a dévoilé son Plan d’action en économie numérique (4 axes consacrés au développement des compétences numériques) qui vise à développer sur le long terme des compétences techniques locales, notamment par la création de différents programmes de formation.

Ces initiatives bien que louables et probablement viables à long terme ne répondent pas à la question du court terme. Nos concurrents sur le marché mondial se développent et il est urgent de combler immédiatement le déficit de ressources qui existe au Canada.

Pour réussir à combler ces besoins de main d’œuvre, il faut réussir à recruter tout de suite.

Dans un monde de plus en plus connecté, des plateformes internet de mises en relation voient le jour. BRIDGR , plateforme spécialisée dans le monde industriel, permet aux entreprises de gérer leurs ressources internes et externes et de collaborer avec un réseau d’experts et fournisseurs technologiques qualifiés et adaptés aux nouvelles problématiques de transformations numérique.

Avec BRIDGR, une entreprise peut facilement accéder à une expertise locale ou internationale pour solutionner une problématique précise à définir et à prioriser. Le réseau d’experts couvre tous les domaines de la transformation numérique d’une usine, des technologies IIOT aux robots en ligne de production. Mais assiste aussi les entreprises dans la formation de leurs ressources internes à la mise en place de nouveaux processus.

D’après Martin Dufour, le vieillissement de la population, certes, mais aussi le manque de formation et les complications liées à l’immigration sont les principaux coupables de ce manque de main d’œuvre. « Quand on regarde en France, on se rend compte qu’ils ont plein de travailleurs qui détiennent exactement l’expérience nécessaire pour faire ce travail. Ils arrivent chez nous et sont comme des poissons dans l’eau. Le problème, c’est qu’il est difficile de les faire venir, ça prend beaucoup de temps », dit-il.

Une autre manière d’attirer de nouvelles recrues et notamment des jeunes dans le secteur est de rendre plus attirant les recrutements. L’époque où une affiche placardée devant l’usine suffisait est bien révolue et il faut que les processus de recrutement s’adaptent à la cible. Il faut que les recruteurs se mettent à la page pour trouver les candidats potentiels là où ils sont. 

Par ailleurs, plusieurs entreprises québécoises rapportent avoir adopté des mesures pour lutter contre les freins qui retiennent les jeunes à venir dans le secteur manufacturier. Parmi ces mesures, on retrouve l’adoption de politiques de conciliation travail-famille, l’amélioration de l’environnement de travail et de la formation interne pour valoriser les employés.

De la nécessité d’automatiser

Le baromètre industriel québécois du STIQ révèle qu’en 2017, seulement un tiers des PME manufacturières a investi dans l’achat d’équipement. Ce chiffre tombe à 15% pour les dépenses dans les technologies de l’information et de la communication et à 13% pour les investissements en R&D. Pourtant, la majorité des dirigeants interrogés disent vouloir investir dans les technologies associées à l’industrie 4.0 et à l’usine intelligente.

Alors que s’est-il passé ? Une des raisons invoquées pour ne pas avoir investi dans les nouvelles technologies est la difficulté à trouver la main d’œuvre qualifiée pour faire fonctionner ces nouveaux équipements.

Le Québec est actuellement dans un cercle vicieux dont il est urgent de sortir. Richard Blanchet, président-directeur général de STIQ explique : « Les gens sont de plus en plus conscients qu’ils doivent procéder à des investissements technologiques, maintenant, est-ce que les chefs d’entreprise peuvent le faire au rythme qu’on souhaiterait ? C’est moins évident, parce qu’ils sont pris dans le quotidien. Tu as des commandes à sortir, mais comme tu manques d’employés, tu es dans le jus, donc tu n’as pas le temps de t’asseoir pour réfléchir aux investissements que tu devrais faire et, comme tu n’as pas investi dans les technologies nécessaires, tu as de plus en plus de mal à répondre aux demandes de tes clients. C’est un cercle vicieux. »

Pour sortir de ce cercle vicieux et permettre au Québec de rivaliser avec ses compétiteurs mondiaux, il est indispensable de moderniser les chaînes de production et cela ne saura se faire sans une main d’œuvre adaptée.

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Clementine Roy

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