Bridgr Insights
Comment inciter les femmes à s’intéresser au numérique ? BRIDGR INSIGHTS

Comment inciter les femmes à s’intéresser au numérique ?

Dans les deux précédentes parties de notre dossier dédié à la place des femmes dans le secteur manufacturier, nous avons vu que les talents recherchés par les industriels étaient de plus en plus qualifiés et liés au numérique. Dans le dernier article de cette trilogie nous avons donc décidé de nous intéresser aux femmes dans le numérique afin de comprendre si la numérisation de l’industrie permettra au secteur de recruter plus de femmes.

Les femmes sont-elles l’avenir du numérique ?

Si les femmes sont l’avenir de l’Homme, elles ne sont, pour l’instant, pas encore l’avenir du numérique. En effet, les femmes représentent aujourd’hui moins de 33% des effectifs du numérique. Aux États-Unis, la situation n’est pas meilleure. En effet, si dans les années 80, 40% des diplômés des filières technologiques étaient des femmes. Aujourd’hui, ce taux est tombé à 18%. Comment peut-on expliquer cette situation ?

Les femmes représentent aujourd’hui moins de 33% des effectifs du numérique.

Probablement par la culture populaire qui voudrait faire croire aux femmes que les sujets technologiques sont réservés aux hommes. Et plus elles le croient, moins elles se dirigent vers cette voie donc moins elles sont représentées et c’est ainsi que continue le cercle vicieux. Alors, que faire pour en sortir ?

Lire aussi : [Étude PWC] Débloquer les potentiels féminins des entreprises – Le point sur la situation du Canada par PwC

D’après le baromètre LinkedIn, Data scientist, Développeur logiciel, Ingénieur, Ingénieur d’affaires et Ingénieur système sont les métiers les plus recherchés par les recruteurs. Des métiers prometteurs donc, mais où les femmes sont largement minoritaires.

L’informatique est le seul domaine où, après avoir été proportionnellement bien représentée, la part des femmes est en nette régression, alors que, dans toutes les filières scientifiques et techniques, elle a augmenté, de 5 % en 1972 à 26 % en 2010.

Isabelle Collet, maîtresse d’enseignement et de recherche en sciences de l’éducation à l’université de Genève

Comment expliquer ce désintérêt des filles pour l’informatique ? Toujours les clichés… La représentation des métiers est genrée dès l’enfance. Les filles sont conditionnées pour suivre des formations liées au commerce et à la santé et les garçons celles liées aux sciences et au génie.

Mais d’après Kate McInturff, chercheuse au centre canadien de politiques alternatives, tout ne se joue pas avant l’entrée dans le monde du travail. En effet, d’après elle, même pour celles qui ont étudié dans ces domaines, l’insertion professionnelle n’est pas si facile.

Les femmes sont peu présentes dans les secteurs de l’ingénierie, des mathématiques, des sciences, de la physique. Ça va se refléter dans le marché du travail. De plus, plusieurs femmes qui étudient dans ces domaines quittent leur métier parce que l’environnement n’est pas adapté aux femmes.

Kate McInturff, chercheuse au centre canadien de politiques alternative,

Elle ajoute également que les pays qui ne réduisent pas les inégalités entre les sexes risquent fortement de compromettre leur croissance économique.

Des initiatives à suivre et à supporter

Pour changer cette image masculine des nouvelles technologies, et parce qu’il n’est pas concevable que le monde de demain se construise sans les femmes, un peu partout dans le monde, des initiatives sont lancées pour promouvoir la place des femmes dans le numérique.

Par exemple, en France, le mouvement “Jamais sans elle” est parti de l’idée qu’il faut commencer par changer les mentalités des gens, et pour cela, augmenter la visibilité des femmes lorsque l’on parle de numérique, et notamment dans les tables rondes.

Lire aussi : Comment attirer plus de femmes dans le secteur manufacturier ?

Les signataires de ce mouvement se sont donc engagés à ne plus participer à un débat ou une table ronde si au moins une femme n’y est pas présente. Mais le problème est que trop souvent, malgré la bonne volonté des organisateurs, il est difficile de trouver des intervenantes. En effet, elles sont peu nombreuses et donc très souvent sollicitées.

Ces initiatives ne sont sans doute pas idéales mais c’est un bon début pour augmenter la visibilité des femmes et commencer à faire changer les mentalités, du côté des hommes mais aussi et surtout du côté des femmes.

Pour conclure, réfléchissons à cette phrase d’Amel Bouazza, Directrice Générale et Vice-présidente principale de Kanzy Medipharm :

la dynamique naturelle et naissante chez les femmes de vouloir relever des défis, faire des changements dans leur environnement et faire la différence dans la société prouve que le secteur manufacturier, comme tout autre secteur, a tout intérêt à impliquer davantage des femmes et à les faire s’engager.

Amel Bouazza , DG et Vice-présidente principale de Kanzy Medipharm

Les femmes du monde industriel sont à l’honneur sur BRIDGR Insights ce mois ci, veuillez retrouver notre dossier spécial ici : [Dossier] Les femmes dans l’industrie, état des lieux et perspectives d’avenir.

Clementine Roy

Obtenez les articles dans votre adresse e-mail

Inscrivez-vous à notre newsletter bi-mensuelle