Bridgr Insights
Comment attirer plus de femmes dans le secteur manufacturier ? BRIDGR INSIGHTS

Comment attirer plus de femmes dans le secteur manufacturier ?

Après avoir compris que les femmes ne représentent qu’une petite partie du secteur industriel, que faire pour améliorer cette présence ? Pistes de reflexions..

Dans le premier article de notre dossier consacré à la place des femmes dans l’industrie, nous avons exploré les raisons pour lesquelles les femmes sont sous représentées dans le domaine manufacturier.

Dans ce deuxième article, nous avons voulu comprendre quelles solutions peuvent être mise en place pour attirer plus de femmes dans l’industrie…

La parité femmes-hommes, le grand défi d’aujourd’hui

Au delà du secteur manufacturier, la parité hommes-femmes est un défi global. À l’échelle mondiale, les hommes et les femmes se rapprochent de la parité en matière d’éducation et de santé mais, les femmes continuent de gagner en moyenne seulement un peu plus de la moitié du salaire que perçoivent les hommes.

Selon le Rapport mondial 2016 sur la parité entre les hommes et les femmes du Forum économique mondial (FEM), au rythme actuel, la parité devrait être atteinte en 2186… Toujours d’après ce rapport, le Canada se place à la 35ème place de ce palmarès avec des disparités importantes selon les villes et la transformation du monde du travail risque d’avoir des implications importantes pour les femmes.

Les deux sexes jouent un rôle absolument essentiel dans la garantie que la quatrième révolution industrielle tiendra ses promesses auprès de la société.

Klaus Schwab, président et fondateur du Forum Économique Mondial

Pour Klaus Schwab, président et fondateur du Forum Économique Mondial, il n’y aura pas de réussite sans implication des femmes.

Ce constat est aussi valable au niveau national. La recherche économique RBC estime que la participation d’un plus grand nombre de femmes au marché du travail se traduirait par une hausse du PIB qui pourrait atteindre 4 % au Canada.

Il est donc essentiel pour la prospérité économique du Canada d’avoir un secteur industriel qui se porte bien et cela ne pourra se faire sans l’implication des femmes ; les pénuries de main-d’oeuvre et le manque de compétences pourraient entraver la croissance du secteur.

Le secteur manufacturier, en pleine transformation numérique, peut offrir de belles possibilités de développement personnel et d’évolution au sein des entreprises. Les industriels ont de plus en plus besoin de personnes capables de s’adapter et de proposer des solutions aux changements technologiques. Ils ont besoin d’employés qualifiés et flexibles pour faire fonctionner les nouveaux équipements et les robots, et sont prêts, pour cela, à offrir des salaires très compétitifs !

D’après une étude réalisée en 2016 par les Manufacturiers et Exportateurs du Canada (CME), 40% des manufacturiers rencontrent des problèmes de pénurie de main d’oeuvre et/ou de compétences et près de 60% d’entres eux prévoient de faire face à de tels problèmes dans les 5 prochaines années. Encore plus inquiétant, parmis les décideurs interrogés, 16% estiment que s’ils ne parviennent pas à faire face à cette pénurie, ils devront déplacer leur production à l’étranger.

Les femmes représentent une réponse encore trop peu exploitée pour répondre à ce problème. Attirer les femmes dans le secteur manufacturier est indispensable pour lui permettre de croître et de faire face à cette pénurie de main d’oeuvre.

Véronique Proulx, première femme PDG du MEQ (Manufacturiers et Exportateurs du Québec) a d’ailleurs fait de ce sujet l’une de ses priorité. Ainsi, elle entend bien amener un plus grand nombre de femmes à s’intéresser au secteur manufacturier, et ce, à tous les niveaux.

Madame Proulx souhaite “travailler avec les femmes influentes du milieu manufacturier et avec le gouvernement du Québec afin de proposer des solutions concrètes pour l’industrie et répondre ainsi à un besoin prioritaire de rareté de main d’oeuvre et de diversité.” elle a ainsi déclaré “il en va de notre compétitivité à l’échelle internationale”.

Pour cela, elle veut impliquer le Québec dans le programme fédéral lancé en septembre 2018. Ce nouveau financement fédéral a pour objectif d’augmenter la présence des femmes dans le secteur manufacturier. Avec ce financement de 498 000$, le gouvernement canadien permet au MEC (Manufacturiers et Exportateurs du Canada) de mettre en place le projet Untapped Potential: Attracting and Engaging Women in Canadian Manufacturing (Un potentiel inexploité : Attirer et embaucher des femmes dans le secteur manufacturier canadien). Ce programme d’une durée de trois ans a pour objectif d’inciter les jeunes femmes à entreprendre une carrière dans ce secteur.

Certains manufacturiers et équipementiers n’attendent pas les initiatives du gouvernement pour agir. Ainsi, la firme ABB n’a pas attendu pour prendre des mesures pour valoriser le travail des femmes.

Chez ABB, nous avons mis en place des programmes de ressources humaines, favorisant la diversité et l’inclusion, afin d’augmenter le nombre de femmes occupant des postes de direction, attirer et retenir les talents féminins et augmenter le nombre de femmes diplômées recrutées. Bien que les efforts de l’entreprise soient importants pour promouvoir la diversité des genres, les groupes de ressources d’employés jouent également un rôle clé dans la conduite du changement, en fournissant un soutien et en contribuant au développement personnel sur le lieu de travail.

Pour moi, faire une différence commence par donner l’exemple. J’ai la chance d’occuper un poste de direction et, à ce titre, je considère qu’il est de mon devoir d’ouvrir aux femme les portes de l’ensemble de l’entreprise. J’encourage les femmes de toute l’organisation à remettre en question le statu quo et à chercher des occasions là où il pourrait y avoir des obstacles.

Nathalie Pilon, présidente d’ABB Canada

Mais alors que le secteur manufacturier met en place de plus en plus d’actions pour soutenir le travail des femmes dans les usines, notamment grâce à l’ouverture du secteur vers les technologies de pointe, on peut se demander si ce virage numérique permettra vraiment aux femmes de prendre plus d’importance ?

Est-ce que la digitalisation du secteur manufacturier est véritablement un avantage pour attirer les femmes ? Quand on voit comment les femmes sont encore sous représentées dans le secteur des nouvelles technologies, il est légitime de se le demander… Pour avoir des pistes de reflexions, consultez la troisième partie de notre dossier consacré à la place des femmes dans l’industrie :
[Dossier] Les femmes dans l’industrie, état des lieux et perspectives d’avenir.

Clementine Roy

Obtenez les articles dans votre adresse e-mail

Inscrivez-vous à notre newsletter bi-mensuelle